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Amkoullel, l'enfant Peul

  • Writer: Maeva Doumbia
    Maeva Doumbia
  • Apr 12, 2020
  • 4 min read

Updated: Apr 13, 2020


Il y a des livres très difficiles à résumer. Ségou de Maryse Condé et Amkoullel, l’enfant Peul d’Amadou Hampâté Bâ sont pour moi les plus difficiles à ressasser en à peine quelques mots, mais je vais m’y essayer.


Ce livre constitue en fait les mémoires d’Hampâté Bâ. Il nous livre son enfance et son adolescence, avant de nous embarquer dans les prémices de sa vie de jeune adulte. Je dois l’avouer… En le lisant, j’ai quelques fois voulu être Peule – je suis ainsi, quand j’aime, j’aime trop. C’est juste que Hampâté Bâ vous transporte dans l’histoire et vous fait miroiter la simplicité de l’enfance d’un Peul. On y apprend la noblesse du caractère, le bagage intellectuel qu’enfants et adultes accumulaient juste par la tradition orale. La formation des waaldé ou associations de jeunes très bien structurées dans lesquelles l’on avait des devoirs mais aussi tout le loisir de vivre intensément son enfance.


Ce livre est d’une grande sincérité dans la mesure où rien n’est romancé. On n’en parle pas souvent mais la jalousie, la rivalité, l’envie entre hommes est bien réelle et elle mène à des actions outrageuses. Rivalités entre Peuls et Toucouleurs, entre Bambaras et Dogons, entre hommes et femmes d’une même tribu, d’une même famille…


En pleine époque coloniale, on y voit aussi le comportement de l’homme blanc, français envers les « sujets français ». Certains nous crient haut et fort les soi-disant bienfaits de la colonisation mais comme le dit Amkoullel.


Amkoullel est le surnom d’Amadou Hampâté Bâ. Il signifie « fils de Koullel ». Et Koullel n’est pas le père biologique d’Amadou, mais plutôt un proche ami de ce dernier. En Afrique, c’est comme ça. Un un ami du père ou de la mère devient facilement un parent par …

C’est de cette Afrique dont nous parle Hampâté Bâ. Une Afrique dans laquelle les enfants courent pieds nus et cheveux au vent. Chassant de petites bêtes ou piétinant le jardin d’un monsieur ennuyant par pure malice. Il nous parle d’une Afrique où c’est la noblesse de caractère qui fait d’un homme un être respecté – au-delà de toute considération financière ou matérielle.


Je l’avoue, en le lisant, je me suis parfois demandé s’il ne serait pas beau d’être Peule. Car même s’il ne romance pas ses mémoires, sa description de la fierté, la dignité et la prestance des Peuls m’a donné envie d’y appartenir juste pour savoir qu’est-ce que cela pouvait bien faire ressentir.


Mais l’Afrique occidentale dont il parle est une Afrique plurielle. On y retrouve entre autres les Toucouleurs, les Dogons et les Bambaras, peuple duquel je suis issue et qui a vaincu les Peuls (petit clin d’œil à mon ami Bouba). Il nous parle des rivalités entre ces peuples, mais aussi de leurs rapports amicaux et fraternels, leurs plaisanteries à parenté, leurs querelles et leur union quand celle-ci était nécessaire.





Hampâté Bâ nous relate son enfance entre son apprentissage du Coran et des sciences islamiques et sa waaldé (association en poulaar) qui faisait fureur dans les rues de Bandiagara. Une association de jeunes qui avait des principes moraux, des activités ludiques et des devoirs chevaleresques ! Et oui, ces petits monsieurs s’unissaient de façon respectueuse à une waaldé féminine dans le but essentiel de les protéger des waaldé masculines d’autres quartiers si jamais ces derniers leur cherchaient querelle !

Il nous parle de son entrée à l’école des blancs ; de ses succès et ses échecs. De ses rencontres privilégiées et ses heurts avec l’administration coloniale. A ceux qui ne jurent que des bienfaits de la colonisation, il répond que la colonisation n’est pas une œuvre philanthropique. Les colons blancs ne sont pas venus dans l’idée de faire œuvre charitable. Ils avaient besoin d’une de bras valides pour des guerres qui ne concernaient aucunement les noirs, ils avaient besoin de bétail prêts à servir les intérêts de la France, la chère mère patrie. Et ceci a commencé par des travaux forcés avant de prendre la voie moins cruelle de l’endoctrinement. Il fallait former et créer des hommes à l’image des idéaux de la France. Cela est passé par l’effacement progressif de leurs valeurs, leurs croyances pour aboutir à la perte de leur identité culturelle jusqu’à la langue qu’ils parlent.


On voit comment il fallait pour eux diviser pour mieux régner et le chamboulement de la construction sociale de ces peuples d’alors.

Mais l’auteur n’est pas amer, loin de là. Une chose qui pourrait être « positive », c’est le canal de la langue française qui a peut-être permis à des peuples qui ne se comprenaient mutuellement d’échanger dans une langue commune, et c’est justement une chose qui doit unir les peuples colonisés et les pousser à agir dans leur intérêt commun.


Non, l’auteur n’est pas amer et c’est une chose qui a marqué mon esprit. Le livre est parsemé de passages si sages que j’en ai écorné un bon quart. J’y ai vu la grandeur d’esprit de certains personnages du livre dont la mère même de l’auteur. Ah la brave Khadidja ! Un livre entier pourrait lui être consacré. Cette femme est dotée d’une fierté à tout casser et tellement pleine de détermination. C’est peu dire si son fils lui voue un respect sacro-saint. Il en parle jusque dans les dernières lignes du livre et j’ai hâte de voir ce qu’il en dit dans le volume II de ses mémoires « Oui, mon commandant ! ». J’avais commencé à le lire mais j’ai compris qu’il me fallait commencer par Amkoullel, et j’en suis bien heureuse.


Avant « Oui, mon commandant ! », je vais faire une pause dans les mémoires d’Amadou Hampâté Bâ et faire un petit tour chez les Arabes. Le soleil d’Allah brille sur l’occident est ma lecture actuelle. Un petit trésor sur l’histoire de la civilisation arabe et son impact chez les occidentaux. Je vous donnerai des nouvelles (in chaa Allah 😉).


1 Comment


o_ghis12
Apr 13, 2020

Super roman, j'ai beaucoup aimé !!! un coup de coeur <3

Khalimath :)

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