Un soir, mille présentations (1)
- Maeva Doumbia
- Apr 13, 2020
- 2 min read
Updated: Apr 14, 2020
C'est l'homme parfait. Quelques mois après une cour assidue, j'ai fléchi, je suis tombée les armes à la main, j'ai lâché du lest et ai décidé de nous donner une chance.
C'est l'homme dont toutes les femmes peuvent rêver. Derrière son visage d'Appolon, se cache une matière grise extrêmement soignée et une sagesse à même de faire pâlir Aristote. Ça ne s'arrête pas là. Être avec lui, c'est s'assurer moult crampes d'estomac car en plus d'être drôle et sensible, c'est un aventurier né. Je vous passe les détails des odyssées qu'il m'a fait vivre. Et ce qui a achevé de me convaincre, c'est cette facette spirituelle qui émane de ses moindres faits et gestes.
C'est étrange mais je me sens vraiment familière avec Hamad, je peux lui parler librement comme si je l'avais toujours connu, comme si il était une partie de moi que j'avais perdue.
Après quelques mois pendant lesquels il m'a assidûment conté fleurette, je me retrouverai ce soir face à sa famille pour la présentation formelle qu'il prépare depuis la minute où j'ai donné mon consentement. Je me sens reconnaissante de cet effort qu'il met à me prouver qu'il veut que les choses aillent de l'avant.
J'ai été blessée par un autre avant lui. Cet autre homme que je considérais être l'homme de ma vie. Jamais je ne l'oublierai. Il me promettait monts et merveilles, parlait de fonder une famille mais au final, faisait preuve d'une nonchalance sans nom. Il me semblait mort de l'intérieur et se cantonait à l'idée d'avoir ce qu'il appelait une "relation". Après quatre ans, je ne connaissais toujours aucun membre de sa famille.
À la différence de ce bourreau des cœurs, Hamad est ce que les femmes appellent "the man". Pourtant, je ne l'aime pas autant que j'ai aimé Kamal. Il avait ce quelque chose qui le rendait unique, et me séparer de lui a été l'épreuve la plus terrible que j'ai eue à vivre. Il me semblait même avoir des hallucinations puisque j'avais l'impression de sentir son parfum ou de le voir où que je fus. Quitter le pays a été la solution la plus simple pour moi. Si je n'ai pas réussi à l'oublier, j'ai au moins eu la chance de reprendre ma vie sentimentale en main.
Je rencontre la famille d'Hamad sous peu. Ils ont immigré ici depuis seulement six mois. J'imagine que la conversation sera des plus banales. Je prendrai des nouvelles du pays et je leur partagerai mon expérience sous ces nouveaux cieux qui nous accueillent.
Je suis heureuse de les rencontrer mais à mesure que l'heure du rendez-vous approche, je me sens de plus en plus anxieuse. Je manque même de tomber sur les marches de l'escalier lorsque Hamad vient m'ouvrir la porte. À l'intérieur de la maison, je transpire à grosses gouttes et mes hallucinations reprennent. Une silhouette familière, un parfum évoquant les réminiscences d'un passé trop récent... Je manque de défaillir lorsque Hamad me retient par le bras et confirme ce que mon âme même supplie de désavouer.
Il me prend ensuite par la taille et prononce les mots qui finissent d'asséner le coup mortel à mon cœur... "Je te présente mon frère, Kamal. Je suis sûr que vous allez vous entendre".
[Partie 1]

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